Hockey : Les chamois avant le trêve

Modifié le 
5 novembre 2012
Par
Constin

 Le tableau de classement est formel, les Diables Rouges sont effectivement bien à la seconde place de la ligue Magnus alors qu'un bon quart de la saison régulière vient de s'achever. Toujours qualifiés en coupe de France, vainqueurs dans des douleurs mutuelles au match aller en quart de la coupe de la Ligue à Morzine, c'est pour l'instant une formidable réussite que celle produite par les joueurs.

Luciano Basile ne cache d'ailleurs pas sa satisfaction : "difficile d'espérer mieux. L'équipe joue avec beaucoup de coeur, il y a de la qualité et de la passion. Demain (ce soir NDLR) sera un bon test. J'ai vraiment hâte de voir comment ce match va se dérouler". Mais les spectateurs s'en souviennent sûrement, la saison dernière et comme ce soir juste avant la trêve, Briançon avait chuté face à Caen, une contre performance qui reste un moment clef dans la mémoire du coach. "Quand on a joué Caen, la trêve on en avait besoin, mais cette année on est plus performant et plus frais. La gestion de l'équipe est différente de celle de l'an passé. On utilise plus de joueurs dans les phases de supériorité et d'infériorité. Le match face à Chamonix nous indiquera si mes décisions durant la préparation ont été les bonnes".

Un match que le coach briançonnais perçoit également avec un prisme différent. "Chamonix doit nous servir comme match de préparation pour le prochain match de Morzine et puis face à Rouen. Je vais essayer des choses car je dois modifier mes lignes. Linkomaa va passer à l'avant et Lamperier sera au centre du deuxième bloc avec les deux finlandais. Golicic sera avec Rohat et Bourgaut et le quatrième bloc sera inchangé". Et très bonne nouvelle Victor Szelig fera son retour pour verrouiller la défense.

Des blocs qui changent aussi à cause du dernier match à Morzine. Une rencontre qui ne restera pas dans les anales et qui a laissé de pénibles traces physiques et morales et cela dans les deux camps. Toby Lafrance, coupable d'une charge plus que litigieuse sera privé du match ce soir à cause d'une pénalité de match. Beaucoup plus grave le morzinois Konrad Reeder aura été blessé par Lafrance, une scène auquel personne ne souhaite assister. Si hockey est un sport de contact, malheureusement ce dernier match en fut presque un paragon (sans le côté idéal). Mais de là à pousser aux cris d'orfraies et à l'attentat il y a une marche dont mon homologue rédacteur du site du club de Morzine semble s'affranchir allègrement dans un "article" qui relève plus d'une conversation de comptoir que d'une communication d'un club dit professionnel.

Sans faux fuyant, Luciano est longuement revenu sur ce pénible événement. "J'ai vu la vidéo, indiscutablement la charge est en retard mais il n'y avait pas tentative de blesser. Aucun doute sur le 5+20, l'arbitre a pris la bonne décision. Nos joueurs doivent être responsables et Toby doit comprendre qu'il est notre centre #1 et qu'on a plus besoin de lui sur la glace que dans les tribunes. Alors oui, je suis déçu. Déçu car il ne doit pas gaspiller son énergie. C'est un garçon physique avec une grosse intensité de jeu, il doit modifier son style mais ce n'est pas un joueur méchant. Il a un coeur énorme et c'est sa grande qualité, mais il lui faut trouver un équilibre. Je ne suis pas content de la blessure, personne ne peut l'être, mais je ne pousse pas mes joueurs à faire des fautes grossières."

"J'ai lu les commentaires et articles, ils sont très durs. C'est la première fois que Briançon est l'équipe la plus pénalisée de France mais ça ne sera pas forcément le cas en fin de saison. Toutes les années on a eu le trophée du Fair Play et là, tout d'un coup, on deviendrait une équipe de voyous? C'est pas sérieux. On joue avec intensité, on finit nos mises en échec mais en France on préfère s'extasier sur les grands techniciens comme Martin Filip... À Morzine beaucoup de choses se sont passées mais personne ne parle des coups de bâton de Brodin sur Lafrance derrière la cage. Il y avait 419 spectateurs, ils les comptent, mais dix énergumènes ont passé leur temps à nous insulter sur le banc alors que la patinoire était vide et ce sont nos dirigeants qui ont du leur demander de se calmer. Nous on a jamais eu de problème avec eux, c'est visiblement eux qui en ont avec nous. Ça devient une obsession mais ça les dessert. Je n'ai jamais parlé en mal de Morzine, ça reste une très bonne équipe, mais il faut qu'ils arrêtent de nous traiter de voyous ou de parler d'attentat! De notre côté on doit continuer avec passion en canalisant nos émotions, d'autant que les arbitres vont nous regarder avec un œil plus attentif". Un coach briançonnais très affecté par cet événement et qui trouve bien injuste les diverses critiques : "en France, il y a une drôle d'attitude. Quand tu réussis, quand tu reviens dans un match comme on su le faire au deuxième tiers à Morzine, il y a toujours suspicions. A Briançon, avec nos moyens, on fait des choses exceptionnelles. Mais on triche pas et personne ne nous dit : bravo, beau boulot! Au lieu de cela on va chercher des excuses par jalousie ou par rancoeur". Alors, chers brianconnais venez prouver nombreux, ce soir à René Froger, que l'équipe et son coach méritent vos applaudissements.

Et comme le sujet a ouvert beaucoup de débats et de commentaires, nous ne souhaitions pas n'avoir qu'un seul avis, Tommie Hartogs, le coach morzinois, a lui aussi très gentiment répondu à nos questions. "Je vous donne mon opinion et pour moi, j'ai regardé la vidéo et les photos, c'est pas correct. Il y avait intention de blesser. Mais c'est à la fédération de décider maintenant. Partout dans le monde tout ce qui touche à la tête est grave. J'aime le hockey fort, le contact, quand on joue avec les corps, mais il y a des règles et des frontières. Il y a eu trop de choses dans ce match, trop de provocation, ça doit être une leçon pour le futur". Hartogs attend donc beaucoup de la décision de la commission de discipline, au titre de la justice, il en fait fort logiquement un point essentiel pour la suite. La suite c'est déjà l'état physique de son joueur, "il est coupé de partout au visage et on ne sait pas encore combien de temps durera son absence, en semaines, en mois?". Un coach qui pense aussi à protéger ses joueurs, ainsi quand on lui parle de l'attitude de Brodin c'est avec calme mais avec fermeté qu'il nous répond. "C'est vraiment dommage que notre capitaine ait une si mauvaise réputation. Honnêtement, depuis mon arrivée, j'ai beaucoup travaillé avec lui sur ce point et l'équipe également. Il a changé à 180%. Il est très pro mais il a son tempérament. Il peut encore changer, ce n'est plus le Brodin d'avant. Malheureusement c'est dur de changer une réputation. Beaucoup de joueurs et d'entraîneurs, pas forcément Briançon d'ailleurs, le provoquent, je le vois sur toutes les vidéos. Lui il dit des choses mais entre parler et provoquer il y une différence".

Et l'avenir? Briançon et Morzine vont se rencontrer de nombreuses fois encore, particulièrement pour le match retour de la coupe de la Ligue mais également en coupe de France. Le néerlandais reste philosophe : "retrouver Briançon ne sera pas un problème. Nous on veut aller le plus haut en ligue Magnus, en coupe de la Ligue et en coupe de France. Alors le passé... On jouera chaque match car on aime le hockey. On doit continuer, on doit gagner, c'est mieux que de penser au passé".

Finalement, dans le petit monde du hockey sur glace français, tout le monde partage l'envie de voir de beaux matchs, de partager de bons moments. Le dernier événement ne fut pas le plus prestigieux, mais ça reste un fait de match comme tant d'autres. L'important c'est l'avenir et le partage d'une passion commune pour ce sport au delà de toutes considérations partisanes.

Prompt rétablissement à Konrad Reeder.

 

Thomas Grollier

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