Fermeture de la réanimation au Centre Hospitalier de Briançon : ce n'est plus une rumeur

Modifié le 
15 décembre 2011
Par
Constin

Le gouvernement, interpellé par le député PRG Joël Giraud en pleine question d'actualité, annonce son remplacement par des lits de «surveillance continue» !! Le député-maire de l'Argentière appelle élus et citoyens à une manifestation monstre.
Joël Giraud, très actif en cette fin de législature - il s’agissait de sa troisième intervention en séance à l’Assemblée nationale en 3 semaines - a interpellé, mercredi 14 décembre, à l’occasion des questions d’actualité, le gouvernement sur sa politique de santé, plus particulièrement s’agissant des urgences hospitalières vitales, fustigeant « une politique de réduction de l’offre qui se traduit partout de la même manière : par la fermeture de services dans les petites structures ».

A titre d’exemple, le parlementaire est revenu sur le projet de fermeture du service de réanimation du Centre Hospitalier de Briançon, envisagé par l’Agence Régionale de Santé PACA dans son projet de Schéma Régional d’Organisation des Soins au motif que ne peuvent subsister sur le territoire les unités de réanimation de moins de 12 lits – autrement dit cela imposera la fermeture de plus de la moitié des unités de réanimation du pays – au mépris de la diversité des territoires, de la qualité et de la sécurité médicale de la population résidente du Nord des Hautes-Alpes.

 

Or « le maintien de ces services est capital pour les structures médicales en zones de montagne, il répond aux missions essentielles d’un hôpital de proximité, comme celui de Briançon et s’inscrit dans une logique de répartition de l’offre de soins visant à garantir le plus possible une égalité des chances, en l’espèce de survie, sur l’ensemble de notre territoire » a rappelé le député radical de gauche.

 

« Ce projet de fermeture d’un des deux services de réanimation du département des Hautes-Alpes, ne tient pas compte, en effet, ni de la géographie de ce bassin de santé étendue, transfrontalière et contraignante, ni du caractère touristique de ce territoire » considère l’élu haut-alpin, qui a tenu à rappeler que « le service de réanimation de cet établissement permet ainsi d’éviter le danger, le coût et l’incertitude des transferts des patients vers d’autres structures de réanimation, sachant que les transports terrestres ou héliportés ne peuvent être organisés par mauvais temps (soit au moins 30 à 60 jours de l’année). »
 
Compte-tenu de la gravité de la situation, le non maintien des unités de réanimation de moins de 12 lits dans les régions enclavées reviendrait à « condamner à mort les habitants de ces territoires résidents comme touristes, par rupture de l’égalité d’accès aux soins » considère Joël Giraud, dont le courage a été salué et applaudi par les groupes parlementaires Socialiste, Radical et Citoyen (SRC) et Gauche Démocrate Républicaine (GDR).
Dans sa réponse, Nadine Morano, Ministre commis d’office pour répondre à la question du parlementaire en l’absence de la Secrétaire d’Etat chargée de la Santé, Nora Berra et de son Ministre de tutelle, Xavier Bertrand, se félicitant d’une soi-disant bonne gestion de notre système de santé a fait preuve d’une grande démagogie et a eu l’outrecuidance de demander au député de « cesser d’inquiéter nos concitoyens et de leur dire la vérité », provoquant un véritable tollé sur les bancs des groupes SRC et GDR, comme si la maîtrise des dépenses ne s’opposait pas à la qualité des soins, oubliant certainement les nombreuses fermetures de services et la désertification médicale qui ne cesse de se propager !
 
S’agissant plus particulièrement de l’exemple Briançonnais, la Ministre a confirmé, implicitement, la fermeture du service de réanimation se satisfaisant d’une solution de substitution censée « garantir la qualité et la sécurité des patients pris en charge » qui serait pourtant catastrophique.
 
La solution retenue visant à transformer « des lits de réanimation en lits de surveillance continue dans le cadre d’une complémentarité avec le Centre Hospitalier Intercommunal des Alpes du Sud (CHICAS) » est tout sauf satisfaisante. Celle-ci n’est absolument pas adaptée à la géographie spécifique et contraignante du territoire de santé du Nord des Hautes-Alpes et ne répond en rien aux besoins de sa population, dans la mesure où une unité de surveillance continue ne peut être considérée que comme un supplément à un service de réanimation existant et ne saurait par conséquent s’y substituer.
 
En effet, les unités de surveillance continues sont uniquement destinées à utiliser au mieux les capacités d’accueil en réanimation, les patients présentant d’emblée ou secondairement une ou plusieurs défaillances viscérales devant nécessairement être admis sans délai en réanimation.
 
De plus cette solution de substitution retenue par le gouvernement irait à l’encontre de la réglementation concernant l’activité de réanimation qui prévoit qu’ « à titre dérogatoire, (lorsque une unité de réanimation ne comporte pas le seuil minimum établi à douze lits), après analyse des besoins de la population et lorsque l'éloignement de l'établissement pratiquant la réanimation impose des temps de trajets excessifs à une partie significative de la population, le directeur de l'agence régionale de l'hospitalisation peut fixer cette capacité minimale à six lits (ce qui est le cas de l’hôpital de Briançon), cet impératif ne devant pas faire obstacle au maintien d’une offre accessible à l’ensemble de la population de la région pour garantir l’équité de l’accès aux soins de réanimation ».

 

 

Visiblement pressé de fermer cette structure, le directeur de l’Agence Régionale de Santé a réuni dès ce mardi le comité régional d'organisation sanitaire et sociale (CROSS) qu’il a fait délibérer en faveur de la fermeture de la réanimation de Briançon sans la moindre concertation !!!
 
Interrogé suite à l’intervention du député des Hautes-Alpes, le chef du service de réanimation du Centre Hospitalier des Escartons s’est dit catastrophé par la réponse de la Ministre. Il fustige cette solution de substitution, au rabais, qu’il juge « inconsciente », qui ne lui parait pas du tout acceptable et qui aura des conséquences dramatiques. « Nous allons avoir des morts sur la route avant d’arriver à Gap » s’est-il, en effet, insurgé avant de s’interroger sur les conséquences d’une telle décision quant à la prise en charge du transport de plus de 300 patients par an et la responsabilité des personnels médicaux qui pourrait être engagée en cas de décès durant le transfert en ambulance ou en hélicoptère, lorsque les conditions météorologiques le permettent, avant d’ajouter « et un jour comme aujourd’hui – de mauvais temps – on fait comment » ?

Pour le député des Hautes-Alpes, le combat doit continuer afin de sauver l’hôpital de Briançon. Il appelle tous les électeurs concernés par le maintien de la réanimation du Centre Hospitalier de Briançon à mettre un terme à ce projet funeste en utilisant leur bulletin de vote pour «virer» ceux qui veulent condamner à mort les habitants de nos territoires, par rupture de l'égalité d'accès aux soins en cas d'urgence vitale et demande dès à présent à tous les élus et citoyens du Pays Briançonnais d’organiser une manifestation monstre contre ce projet de fermeture mortel pour les patients de ce Pays.

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