Communiqué de presse de Vincent Faubert

Modifié le 
11 décembre 2015
Par
Constin

Pourquoi je ne cautionnerai pas l’erreur politique grave commise par les instances nationales du Parti Socialiste

Communiqué :

Dans la mémoire collective du peuple de gauche, il y a eu le traumatisme du 21 avril 2002. Il y aura désormais celui du 06 décembre 2015.

L’annonce brutale et unilatérale du retrait de la liste conduite par Christophe Castaner par les instances nationales du Parti Socialiste le 6 décembre au soir est tombée comme un couperet. Cette décision hâtive a laissé nos électeurs dupés, floués, trahis.

Et pourtant, je n’ai cessé d’y croire. Jusqu’au bout, j’ai rêvé de voir un score supérieur à 20% accolé au nom de Christophe Castaner, espéré que les sondages se tromperaient une nouvelle fois.

J’ai cru voir dans l’abstention, moins forte qu’en 2010, et moins forte en PACA qu’ailleurs, le signe que le réveil des consciences avait eu lieu, ou au moins, avait commencé.

J’ai ressenti sur le terrain le glissement progressif des électeurs de la droite traditionnelle vers l’extrême droite, le candidat dit Républicain ayant légitimé le discours du Front National en reprenant à son compte sa rhétorique et ses idées, dans une course à la surenchère permanente.

J’ai fustigé le jeu dangereux joué par certains médias comme LCI qui ont tout fait pour nationaliser le débat et pour réduire le scrutin en Région Provence Alpes Côte d’Azur à un simple duel entre droite extrême et extrême droite.

Mais, pris dans le rythme infernal de cette campagne qui ne nous aura rien épargné jusqu’au bout, je n’ai pas vu venir la grande trahison de nos instances dirigeantes

La sentence est tombée. A peine plus de 16% pour notre liste « Notre région, notre fierté », à peine plus de 7% pour nos partenaires du Front de Gauche et d’EELV regroupés sous la bannière de la Région Coopérative.

Les sondages ne se sont pas trompés, ils ont au contraire étaient d’une implacable précision.

Quelques minutes seulement après, le calcul froid des grands rapports de force, et alors, la confirmation de nos espoirs, celle que la gauche est bien en deuxième position légèrement devant la liste de Christian Estrosi. Le désir, soudain, de se retrousser les manches, de poursuivre le combat. Et oui, je me dis alors qu’il ne faut surtout pas abandonner. Je suis d’ailleurs très fier du discours de mon candidat qui appelle à ne pas se résigner

Jusqu’à la nouvelle claque, celle de trop, celle que je ne parviens toujours pas à digérer.

A la stupeur générale, alors que les résultats définitifs ne sont pas encore tombés, sans aucune concertation avec les candidats et nos partenaires, le couperet tombe d’en haut : volte-face du bureau national qui décide que le PS doit retirer sa liste. Ensuite, Christophe Castaner, soumis à une très grande pression, qui se résigne à accepter cette décision venue d’en haut.

Oui aujourd’hui en tant que candidat, ayant fait campagne derrière Christophe Castaner, et secrétaire d’une petite section du Parti Socialiste, je me sens trahi et méprisé par les instances dirigeantes de ma formation politique. J’ai l’impression d’avoir été pris en otage par leur diktat.

Souvenez-vous, le 17 septembre dernier, Jean-Christophe Cambadélis déclarait que "quand vous entendez, honnêtement, quelqu’un comme Estrosi, vous vous demandez s’il n’est pas au Front national. Les positions développées par ce dernier sont pires que celles de Marion Maréchal-Le Pen qui n’a même pas besoin d’être extrémiste sur la question des réfugiés et des migrants". "De toute façon, les déclarations extrémistes de Christian Estrosi (...) empêchent désormais le front républicain.", Pour appeler ensuite, un peu plus d'un mois après, à voter pour lui…

Christophe CASTANER lui-même n’a eu de cesse de répéter qu’il ne se retirerait pas, qu’il n’y aurait pas de Front Républicain avec Christian Estrosi, représentant de la droite extrême selon ses dires.

«Gagner et ne pas fuir. JAMAIS! Pour être digne de ceux qui se sont mobilisés ce soir;

Gagner pour ne pas céder, ne pas reculer, ne pas se retirer; Gagner parce que, comme le disait Lucie AUBRAC, le mot RESISTER doit toujours se conjuguer au présent.

Vous êtes la preuve que nous sommes bel et bien présents dans cette campagne, forts et prêts à en découdre. »

J’ai beau être un militant socialiste modéré et discipliné, cette fois je ne laisserai pas les cadres du parti me dicter la ligne de conduite à adopter après avoir clamé durant toute la campagne aux côtés de Christophe Castaner que la «droite extrême» de Christian Estrosi était identique à l’«extrême droite» et que nous ne nous résignerons pas. Non je ne pourrai pas me résigner à voter et à appeler à voter Estrosi dimanche prochain.

 

Par leur vote de contestation, les électeurs nous ont adressé un message dimanche soir. Il est de notre responsabilité de l’entendre et de l’analyser pour ne pas une nouvelle fois désespérer encore davantage le corps électoral.

En décidant de retirer les listes PS arrivées en troisième position au premier tour de ces élections régionales, l’appareil lui-même aiguillonné par l’exécutif, prend, en toute connaissance de cause, la décision de disparaître totalement des régions durant six ans. Six longues années où le PS sera inaudible sur des enjeux essentiels en raison des dévolutions de pouvoir aux nouvelles collectivités territoriales. Six ans pendant lesquels le PS laissera l’extrême-droite être le seul opposant à la droite et inversement.

Je désobéirai pour la première fois à l’injonction du PS car j’estime qu’il s’agit d’une erreur politique grave et sans précédent, dont les haut-alpins seront les premières victimes.

Nous les modestes représentants du Parti Socialiste au niveau local portons comme un lourd fardeau les multiples renoncements de nos élus nationaux à chaque élection intermédiaire depuis 2012.

Je n’accepterai pas ce renoncement supplémentaire.

 

Se désister, c’est disparaître des assemblées régionales, sans assurance d’y revenir après une longue absence du paysage. Se désister, c’est valider le discours du FN, accréditer l’idée, martelée par la famille Le Pen, que la gauche et la droite (l’UMPS) partagent les mêmes valeurs puisqu’elles communient dans la même détestation.
Se désister, ce n’est pas être digne de notre Région, de nos valeurs, des convictions que nous avons porté durant cette campagne,
Se désister, c’est s’appliquer la double peine à soi-même. Il me semble pourtant que la gauche était contre cette sanction redoublée.
Se désister, c’est se résigner, c’est désespérer encore davantage nos militants, nos sympathisants, nos électeurs. Se désister, c’est décrédibiliser encore un peu plus la parole politique en trompant les électeurs qui nous ont fait confiance dimanche dernier.
Se désister, c’est alimenter encore davantage la désaffection des français envers leur classe politique. Pas besoin d’être grand politologue pour saisir que cette attitude, peu soucieuse de la représentativité des instances démocratiques ne fait qu’augmenter la colère de ses sympathisants et grossir leurs rangs.
Se désister, ce n’est pas prendre ses responsabilités et empêcher l’extrême droite d’occuper des fonctions exécutives dans une région contrairement à ce que voudraient nous faire croire Solférino et Matignon, une grande majorité de nos électeurs n’étant pas prêts à voter Estrosi comme ils ont pu voter Chirac en 2002.

Au lendemain du 1er tour, l’ensemble des forces de gauche progressistes et écologiques étaient prêtes à s’unir pour faire front commun contre l’extrême droite et la droite extrême au second tour. Par le vote à la proportionnelle, cette grande union, nous aurait permis d’être présent pour combattre les méfaits que le FN va s'employer à commettre. Et, ce faisant, les forces de gauche et de l'écologie, peut-être avec d'autres, auraient pu rentrer en résistance.

Les nombreux appels d’élus, de candidats et de militants, n’ont pas suffi à faire revenir Christophe Castaner sur sa décision de se retirer ou de déléguer sa place à un autre candidat de gauche comme je l’appelais de mes vœux.

Christian Estrosi n’incarne pas les valeurs humanistes de Jacques Chirac pour qui j’ai voté en 2002

 

Pour toutes ces raisons, je ne pourrai pas me résoudre à voter pour un candidat de droite extrême dimanche prochain.

J’irai quand même voter comme je l’ai toujours fait. Mais je déposerai un bulletin blanc ou nul dans l'urne pour montrer que je ne me retrouve absolument pas dans l'offre politique proposée : Droite extrême contre extrême Droite, peste ou choléra...

Je tiens à saluer le courage de Jean-Pierre Masseret qui malgré les injonctions de ses dirigeants a eu le courage d’entrer en résistance en maintenant sa candidature dans le Grand Est.

Pour montrer ma totale désapprobation devant cette stratégie suicidaire, comme je m’y étais engagé dès dimanche soir sur les antennes de D !CI TV, je rends ma carte du Parti Socialiste et invite mes camarades de la section à en faire autant.

 

Nous nous retrouverons mercredi 09 décembre au local de la section du pays Briançonnais pour une conférence de presse.

 

Vincent Faubert
Secrétaire de section du Parti Socialiste du Pays Briançonnais
Candidat sur la liste de Christophe Pierrel

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