Comment Briançon, ville la plus endettée de France, a évité la faillite.......
sans augmenter les impôts locaux. Mode d’emploi......
Quand vous avez été élu maire de Briançon, en 1991, quelle était la situation financière de la Ville ?
Elle était comme un ménage surendetté. Le lendemain de mon élection, la chambre régionale des comptes et les banquiers m’attendaient à l’entrée de la mairie pour expertiser les comptes de la ville et savoir où elle en était financièrement. Ça a pris six à sept mois…
Pourquoi la Ville était-elle dans cette situation ?
La Ville était partie dans une politique aventureuse de constructions sur fonds public : la construction d’une usine textile de 5 000 m2, qui n’a jamais fonctionné ; l’installation d’une station de sports d’hiver qui a coûté 250 millions de francs. La Ville s’est trouvée dans l’impossibilité de faire face à ses différents engagements.
Comment avez-vous procédé pour mettre vos finances à flots ?
Les impôts locaux ne suffisaient pas à payer les personnels de la ville. Il y avait plus de 400 personnes, pour une ville de 12 000 habitants ! (lire notre encadré) Il y avait onze personnes au cabinet du maire… Aujourd’hui, il y a deux c e n t s employés municipaux. Il n’y a pas eu de licenciements : nous sommes dans la fonction publique territoriale. Certains ont demandé leur mutation, d’autres sont partis en retraite sans être remplacés.
Et les autres économies ?
Nous avons réduit les subventions aux associations, réduit le train de vie de la mairie, réduit la politique d’investissement de la ville, délégué certaines prestations de service à des sociétés privées. Nous avons aussi demandé des subventions au département, à l’État, à l’Europe.
Et en ce qui concerne la fiscalité ?
Nous avons pris la décision de ne pas augmenter la fiscalité locale. On a fait la démonstration qu’on peut, si on le veut vraiment, redresser les finances publiques sans augmenter la fiscalité, mais en ayant le courage politique de réduire les dépenses de fonctionnement, et par voie de conséquence d’investissement. Nous n’avons pas augmenté les impôts locaux en dix-sept ans. C’est le même taux qu’en 1991.
Pourtant, si vous l’aviez fait, on peut penser que la population l’aurait compris.
Absolument. C’est donc un choix politique. Au-delà des discours convenus sur les transferts de compétences de l’État vers les communes, sur l’inéluctable augmentation des impôts pour reconstituer l’épargne, nous avons parié sur un développement économique et démographique de la ville.
Nous sommes les seuls en France, en étant la ville la plus endettée de France (plus de 7 000 euros par habitants), à avoir réussi à redresser les finances sans augmenter la fiscalité locale. Au prix d’un certain nombre de sacrifices.
Les associations n’ont plus de personnels payés par la mairie ; elles font un certain nombre de choses elles-mêmes, désormais. Et elles cherchent à récolter des fonds par leurs propres moyens.
Comment ont-elles réagi ?
Les associations l’ont compris. Parfois il y a eu des grincements de dents. Tout cela ne nous a pas empêchés, en 2007, d’être consacrés par le journal L’Équipe la ville la plus sportive de France de sa catégorie !
Cri no 71 - Charles-Henri d’Andigné
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